En ce début juillet nous nous rassemblions pour la semaine de terre-paille allégée entre femmes que proposait une amie de mon territoire, afin d'isoler les murs du grenier qu'elle souhaite prochainement aménager.
C'est sous une sublime charpente que nous oeuvrions alors de concert, remplissant banche après banche, une bonne 30aine de m2 sur 15cm d'épaisseur.
Pour un tel volume de matière humide, ce début d'été était idéal.
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Coralie, que je connais maintenant depuis plusieurs années, me questionnait il y a quelques mois sur la possibilité d'organiser ensemble un chantier participatif.
Elle qui "tomba dans la marmite" quand elle était petite (à travers les divers projets de sa mère), était pour moi une interlocutrice de choix.
Après mure réflexion, elle optait pour un terre-paille allégé assez épais, qu'elle souhaitait poser sans canisse de bambous, et en passant par devant les montants bois du coffrage, afin d'avoir une surface d'accroche uniforme pour la finition, une fois les banches démontées.
Choix guidé tant par la qualité d'isolant thermique de la paille, que par son attrait économique sans pareil.
C'est une technique que je n'avais pas encore abordée sous cet angle là.
Je menais donc en amont mon enquête, plongeant le nez dans les livres références et le guide des bonnes pratiques dédié, consultant les personnes ressources de mon réseau, et glanant ici et là bon nombre de conseils et de mises en garde.
Je revenais vers elle avec divers points de vues possibles, et nous convenions ensemble d'une formule hybride fort satisfaisante.
De son côté Coralie se chargeait de trouver les petites mains volontaires, le gros des matières premières, et les conditions d'accueil de tout ce petit monde....
Du mien, je profitais d'une fenêtre de libre entre deux chantiers pour rejoindre Anne* de l'Eco-hameau de Verfeil-sur-Seye, pour qu'elle me transmette un protocole simple et efficace à la porté de toutes et sans grand matériel.
* ayant suivi les conseils de l'artisan pro-paille Stéphan GUTIEREZ au cours de la récente construction de sa maison en ossature-bois/paille, et chez qui j'intervenait dans le courent du printemps dernier pour une initiation finition argile/ouate de cellulose in-situ.
Initiée par une femme pour initier d'autres femmes,
j'étais si contente d'envisager cette aventure partagée.
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Puis vînt enfin cette fameuse semaine rythmée par ces mêmes mouvements mille fois répétés, aujourd'hui par ce petit groupe d'âmes, jadis peut-être pas nos ancêtres, nos mains semblant seules répondre à des gestes inscrit en chacune de nous !
Mise en corps, préparation de la matière, monté des comportes et poubelles pleines de promesses, initiation au façonnage des torsades bien serrées, remplissage des coffrages, rencontre des unes et des autres au grès de duos changeant, entre échanges débridés et confidences chuchotées.... jusqu'aux longs silences des dernières heures durant lesquelles les irréductibles commençaient malgré elles à tirer la langue !
"- c'est bon là, non ? tu as largement fait ta part !
- non mais je veux finir celui-là, je peux pas laisser ça comme ça.... après j'arrête"
...et c'est ainsi que chaque soir nous finissions essorées mais joyeuses, contente d'avoir rempli notre part.
Nous aurions aimé en faire plus, plus encore tant il y avait encore à faire ! Mais chacune repartit s'affairer vers d'autres horizons.
Coralie finira les quelques m2 restants, rajoutera du chaux-chanvre en hauts de murs, de sorte que tout puisse sécher avant l'arrivée de l'automne.
...quant à moi, je poursuis mon chemin vers de prochaines aventures, grandie de quelques découvertes faites grâce à cette nouvelle expérience. Dont la plus exaltante partagée par Taïga, Nath et Sylvie :
on peut aussi mélanger paille et argile avec les pieds, c'est simplement jouissif !
à 3, à 4, c'est encore plus grisant, rapide et efficace..
..et c'est tellement rare et bon de quitter les chaussures de sécurité !!!
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