Et voilà comment un projet artistique voit enfin le jour...
3 ans de réflexion, de tests et de préparation avant la dernière étape, celle de la réalisation de la fresque à l'argile et au silicate de potassium.
Ce projet aux motifs d’inspiration médiévale commandé au printemps 2020 par l'association Lezard Vivant et les propriétaires du château, fût réalisée à la fin de l'automne dernier.
Imaginée pour le dernier niveau de la tour, elle devait saisir le visiteur par son caractère inattendu, de sorte à le plonger dans un monde des plus singuliers, avant d’accéder au toit terrasse offrant une vue panoramique sur les bâtiments en partie restaurés, le jardin en terrasses et la forêt alentour.
Pour rappel, l'inspiration nous vînt de la découverte des peintures murales du Châtel de Theys (Isère), et de la frise de l'Abside St-Sauveur de Casesnoves (Pyrénées-Orientales).
C'est ainsi que cette aventure donna naissance à "Piscis", cette fresque où je suis peut-être la seule à voir des poissons.......des poissons par milliers, qui pourraient évoquer la richesse de la source du château, source dont on ne peut que louer les vertus tant elle donne au jardin des légumes et de fleurs étonnants.
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J'avais initialement imaginé partager ce projet avec François LEBAS, collectionneur d'argiles et enduiseur sur Vaour.
Nous faisions les premiers tests sur les motifs et les recettes à base de silicate de potassium ensemble, or les quantités d'argiles dont nous allions avoir besoin nous insitèrent à réorinter le projet, et nous décidions d'un commun accord que je finirais de le mener à bien seule, et exclusivement avec des matières locales que je pourrai trouver en quantité suffisante pour ne pas avoir à faire de compromis.
Je proposais alors à mes clients une game de couleurs issues de ces argiles et fines glanées par ci-par là. Des teintes accessibles en Aveyron, Tarn et Garonne et Tarn, ainsi qu'une dans les Pyrénées Atlantiques* (un jaune récolté dans le lit d'un ruisseau passant à proximité d'une villa galo-romaine)
*zone que je découvre peu à peu au grès des rencontres, et qui m'amènera peut-être à dénicher d'autres nuances encore.
La Sablière de Lexos nous offrant la chance de pouvoir formuler un enduit orangé, nous partions donc sur un fond chaud, qui serait donné à voir tel quel, afin de profiter de sa texture et de son rendu unique, délicatement micaté.
Furent ensuite choisies 3 autres couleurs, à savoir :
celles obtenues à base des boues de lavage bleutée d'Ouyre (12) et pistache de Négrepelisse (82), ainsi qu'une argile de fouille aux nuances saumonées de près de Vaour (81) qui mélangée à la bleutée donna un ton taupe....
// pour confidance : malgré tous les efforts déployés depuis 2 ans, je parvenais à ne trouver alentour ni rouge, ni rose, ni brun (je lance donc une bouteille à la mer pour l'occasion, des fois que vous auriez par chez vous des pépites du genre !)
Sur le carton test, la teinte la plus à gauche semblait se rapprocher d'un "brique foncé" très intéressant, or une fois sur l'enduit la couleur virait à l'orangé-rose...
L'écart fût si surpenant que nous décidions d'opter finalement pour le brun métissé.
Les autres nuances furent assez fidèles à celles du carton.... ouf !
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Enfin, comme depuis le début les propriétaires manifestaient l'envie de partiper à la réalisation, j'organisais un chantier participatif sous forme de stage, et réinvitais Lucy à se joindre à nous.
Nous nous retrouvions pour 4 jours bien intenses. Quelle expérience à nouveau !
- Enseignement des rudiments de la formulation des peintures
- Démonstration et transmissions des gestes et précautions à prendre
- Questionnement commun quant à l'ordre des choses (et là ce fût un sacré casse tête, que nous ne résolvions pas du premier coups d'ailleurs).
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Dans l'ordre des choses :
Durant les mois précédents j'avais dressé le terre-paille, puis l'enduit le fond orangé une fois le support sec.
Des tests de formulation de teintes et de tracés s'étaient échelonnés dans le temps, et tout était enfin prêt en ce début d'automne.
Philippe m'aida à rassembler en amont tous les matériaux nécessaires, Isabelle avait posé des congés aux dates où Lucy pouvait se libérer, et nous étions toutes 3 fin prêtes pour cette nouvelle aventure partagée.
Par la suite, tous les artisans ayant participé aux travaux du château se rassemblèrent pour la "Soulinque" (repas de fin de chantier), et la tour fût visitée à la bougie une fois la nuit tombée....
....tel en un vrai conte de fées, c'était encore une fois bien émouvant
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// A venir d'autres expériences du genre (les Debarge et moi réfléchissons à peut-être organiser une prochaine édition au château).
D'ailleurs, qui serait intéressé-e par un "chantier-école" peintures à l'argile ?
Et qui aimerait également participer au déroulé des préparations depuis le début, afin de mieux comprendre les tenants et les aboutissants d'une telle entreprise ?
- décroûtage du mur
- analyse du support nu
- préparations diverses (renformi, corps d'enduit, enduit mince)
- recherches de teintes et texture des peintures
...puis peintures.
Une petite formation pourrait très bien s'échelonner au fil des mois, ces divers modules se succédant, jusqu'à la finalisation d'un décors peint ensemble, dans ce lieu si particulier que sont les vestiges du château du Cuzoul.
L'idée étant que le rendu de notre travail soit conservé, retouché ici et là si besoin, et que la trace de notre passage donne un autre regard sur le bâti.
N'hésitez pas à vous manifester, dès fois que cela vous démangeait. Je vous tiendrai alors au courant des avancées de nos réflexions.
Sur ce à très bientôt peut-être !
Et bonne fin d'année à chacun...